Et relire des vieux mails datant d'il y a trois ans n'est sûrement pas la bonne solution, mais je n'arrive pas à m'y faire. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que l'on peut connaître si bien des gens et finir par n'être plus rien les uns pour les autres. Et l'autre jour, J. m'écoutait parler de ce lointain passé, une bière à la main. Il ne savait pas trop quoi dire, face à l'indicible.
Il faut que je me détache de ce passé, de ces gens que j'ai tant aimé et si bien connus. C'est fou, comme aujourd'hui encore, je serais capable de réciter leur vie. Certains connaissent des poèmes, moi je connais leurs chansons préférées, le prénom de leurs frères et soeurs, le travail de leur parents et même parfois leur âge, le nom de leur meilleur ami de lycée, leurs déceptions et leurs aspirations, l'heure à laquelle ils se lèvent le dimanche, la couleur des murs de leur chambre et toutes ces choses, si insignifiantes que je me suis appliquée à apprendre, fut un temps. Je les connais si bien, et pourtant je ne leur adresse même plus la parole aujourd'hui. Et les choses n'iront sans doute pas en s'arrangeant. Alors J. a dit "il faut que tu t'y fasses, c'est peut-être même mieux pour toi", alors je m'y ferai tant bien que mal. Pourtant je sais qu'il comprend à quel point ça peut faire mal, ce genre de choses. Peut-être que l'on devrait simplement se tenir à carreau, ne jamais mettre les doigts dans l'engrenage car ensuite, c'est la mécanique du coeur qui s'enclenche, et l'on ne sait plus vraiment comment l'arrêter. Je voudrais pouvoir oublier tous ces gens, toutes ces promesses, et oublier papa en même temps, oublier le papa que j'ai tant cherché et que je n'ai jamais trouvé. Je voudrais pouvoir oublier que l'on s'est aimés, un jour. Ce fut finalement si bref. Tellement bref face à nos promesses d'éternité.
lundi 16 mai 2011
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Il ne faut pas oublier. Chacune de ces personnes est un petit morceau de toi. Ca fait mal, bien sûr, les dos tournés, les regards qui ne te voient même plus, mais je ne crois pas qu'oublier, même si c'était possible, résoudrait vraiment quelque chose. Et imagine, si rien de tout cela n'avait existé, combien de tonnes de bonheur en moins? C'est vide quand les personnes importantes s'en vont, mais ç'aurait peut-être été encore plus vide si elles n'avaient jamais été là. Il y a des gens qui nous apprivoisent et puis s'en vont, mais il y en a d'autres qui arrivent, et surtout, il y en a qui restent.
RépondreSupprimerPS : Comme ça fait du bien de revoir des écrits ici, à nouveau, comme avant, comme une petite renaissance. <3
Il faut connaitre la déception et la tristesse pour se rendre compte que l'on a croisé la route du bonheur plus d'une fois. Après c'est sur, cette route est souvent jalonnée de "pourquoi" et de "si...".
RépondreSupprimerC'est ainsi, c'est la vie sans doute. L'humain est décevant mais tout n'est pas perdu. A la fin tout va bien, et si ça ne va pas, alors ça n'est pas la fin.